Ouvrir le champ des possibles …
J’ai envie de partager avec vous aujourd’hui un exercice souvent utilisé dans le coaching d’équipe.
Voici l’énoncé :
Répartis par équipe de quatre, les participants ont 18 minutes pour ériger la tour la plus haute possible avec 20 spaghettis ( crus), un rouleau de Scotch, un mètre de ficelle et un marshmallow à placer au sommet de l’édifice sans que ladite tour ne s’effondre. Exercice de cohésion d’équipe inventé par Peter Skillman, le marshmallow challenge est riche d’enseignements:
La nécessité de se préparer
Certaines équipes ne prennent pas le temps de réfléchir, de tenir compte des compétences de chacun et de chacune et se précipitent dans la construction de la tour. Le temps limité pour réaliser la construction de la tour met les participants en situation d’urgence. Au bout de quelques minutes la tour peut s’effondrer… De nombreuses causes extérieures sont alors évoquées : responsabilité de l’un ou de l’autre, matériel peu fiable, spaghettis trop mous (!)…
D’autres, au contraire, prennent le temps de faire un tour de table, de recenser les compétences de chacun avant de se lancer dans la construction.
La peur d’échouer, la peur d’être jugé
Tout au long de l’exercice, il est intéressant de noter que les participants ont plus qu’un penchant pour renforcer certaines parties de la tour quand celle-ci signale qu’elle ne va pas tarder à vaciller. La base est posée, elle est d’après tous solide et chacun continue à construire dessus coûte que coûte. Avouer en cours de route que certaines étapes ont été mal définies ne semble pas envisageable. Tenir compte d’une idée décalée, qui détonne avec la façon habituelle de travailler et de penser de l’équipe, est très vite censuré.
Retrouver l’enfant qui est en nous
Il y en a pourtant pour qui l’exercice est un jeu d’enfant… Les tours les plus hautes et les plus solides sont construites, avec les mêmes contraintes, par … les enfants de maternelle.
Ils procèdent davantage par essais successifs. Ils n’hésitent pas à repartir de zéro en cours de route si la construction qui se profile ne leur convient pas. Observez vos enfants: ils sont souvent heureux de détruire ce qu’ils viennent à peine de commencer à construire! Ils se remettent sans cesse en question. Ils positivent les échecs: ils tiennent compte de ce qui n’a pas marché quand ils décident de reconstruire…
Quand la tour s’effondre, l’adulte, lui, s’entête et reconstruit une nouvelle tour sur la base précédente: oui, la même. Il ne la modifie pas. Il n’ose même pas y toucher.
Quel rapport avec votre expatriation?
Quand nous partons vivre à l’étranger, nous ne prenons pas toujours le temps de nous préparer : la décision a été prise quelques fois dans l’urgence. Nous ne prenons pas toujours le temps de définir ce que chacun des membres de la famille va apporter à cette aventure et de quelle manière il va contribuer à la construction non seulement de l’expatriation mais aussi d’une équipe. Au sens plein du terme. Du coup, l’expatrié(e), le conjoint et leurs enfants s’apparentent à un groupe de personnes au sein duquel chacun tient un rôle pré-défini.
Pendant l’expatriation, s’avouer que certains paramètres n’ont pas été considérés pour pouvoir bien construire son expatriation ne vient pas forcément à l’esprit. Le chantier personnel ou professionnel dans lequel nous nous sommes lancés à l’étranger est alors bloqué. Plutôt que de se remettre en question, on préfère transférer, ce qui est de notre responsabilité, sur les particularités du pays étranger. Quand la construction montre quelques signes de faiblesses et donc nous fragilise, un bouc émissaire est responsable de toutes nos affaires.
Plus on avance dans son expatriation, plus on a d’expériences à l’étranger, plus on a l’impression qu’en repartant de zéro on va tout gâcher. Que l’on ne va pas pouvoir valoriser tout ce que l’on a déjà construit. C’est un peu comme si le champ des possibles se réduisait: Envisager de travailler alors que cela fait des mois que je peine à tout organiser? Impossible! Changer de métier à mon âge? Impossible! Profiter de ce nouveau pays pour définir mon expatriation autrement? Impossible! Changer ma façon de manager et de communiquer alors que c’est elle qui m’a permis d’être là où j’en suis aujourd’hui ? Impossible! Retravailler alors que cela fait des années que je n’exerce plus d’activités ? Impossible! Me lancer dans un domaine professionnel moins conventionnel? Impossible! Redéfinir un projet avec mes équipes quitte à être le premier à innover? Impossible!
Pourtant, en repartant de zéro, notre créativité, loin d’être épuisée, est dopée. En repartant de zéro, le champ des possibles s’ouvre à nouveau.
Après avoir lu cet article, avez-vous le sentiment que vous construisez actuellement votre expatriation (personnelle, familiale et professionnelle) « coûte que coûte » ? N’auriez-vous pas intérêt à repartir sur une nouvelle base?
Si vous travaillez au sein d’une équipe à l’étranger, êtes-vous à l’écoute des idées non conventionnelles qui pourraient doper certains projets?
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