A l’Est…
Mon mari: « Chérie, il faut que je te parle. »
Moi, à une heure du matin, fraîche comme une rose cela va sans dire: » Oui. Quel pays? »
J’ai grandi dans une famille presque comme les autres. Une branche familiale maternelle alsacienne. Une branche familiale paternelle dont les racines étaient le fruit d’un mélange polonais et de la région où l’on produit le champagne.
Mon grand-père polonais a rencontré ma grand-mère à la fin de la seconde guerre mondiale en France. Il n’a pu résister au caractère bien trempé de celle qui est le socle dur comme un roc de ma famille.
J’ai hérité à ma naissance de ce nom qui a été écorché à volonté pendant de nombreuses années par ceux qui essayaient de le prononcer. J’ai toujours su d’où il venait et l’on m’a éduquée en me rappelant que je n’avais pas à en être complexée.
Sur mon chemin à l’aube de la trentaine, j’ai croisé, à Paris, celui qui allait partager ma vie et qui venait tout droit de Pologne. Nous en avons fait notre chez nous. On me demande souvent: » C’est sympa de vivre avec un Polonais? » Un peu comme si j’avais adopté un animal exotique. Preuve, surtout, que je ne suis pas la seule à avoir des lacunes en géographie…
Je ne sais pas.
Je ne vis pas qu’avec un Polonais, je vis avec quelqu’un dont les différences me permettent d’affirmer ma singularité. Et inversement.
Quand je me suis mariée, j’ai décidé de garder mon nom et de rajouter tout simplement un trait d’union avec celui de mon époux: ainsi ceux qui avait du mal à prononcer le mien pouvaient s’en donner à coeur joie avec le nouveau. Et surtout, j’étais incapable de l’abandonner. Puis, notre chemin a pris la route de l’Est. En Russie: le pays de son grand père maternel. Il renouait avec ses origines. Nous en avons fait notre chez nous.
Vexée, l’Europe Centrale et Orientale nous a fait de l’oeil: nous avons quitté l’entreprise qui nous employait tous les 2.
En Hongrie, nous étions « en terrain neutre »: ni chez moi, ni chez lui. Nous y avons fait notre chez nous.
Notre fille, mélange franco polonais avec une pincée de paprika, y est née. Pour elle, Budapest ce ne sera pas « quelque part ». Et pour nous non plus d’ailleurs…
Lorsque mon mari a dit : » Varsovie! » Je n’ai pu que dire oui.
Sans hésiter, sans cogiter. Ce n’est pas que chez lui. C’est aussi le pays de mes origines, un « chez moi » où mon grand père n’est jamais retourné.
J’y trouverai mes réponses et , comme à chaque fois, il nous appartiendra d’en faire notre chez nous.
Dans notre vie à l’étranger, il n’y a pas de hasard : les rencontres, les difficultés, les incompréhensions mais aussi les facilités à faire certaines choses sont des questions qui nous sont posées pour nous amener à y apporter nos réponses. Apprenez à les regarder comme des opportunités…
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