La prise de décision d’expatriation au sein du couple

La prise de décision d’expatriation au sein du couple

Le conjoint joue un rôle clé au cours de la décision d’expatriation. Son attitude vis-à-vis de la proposition de mobilité internationale de même que ses réticences personnelles, familiales et surtout professionnelles influent fortement sur l’acceptation ou le refus de la mobilité.

La décision d’expatriation est le résultat d’un processus de décision au sein du couple où interviennent différents éléments.

  1. La situation familiale

La perception qu’ont les conjoints du pays d’expatriation joue un grand rôle dans la décision d’expatriation. Ici s’expriment des peurs, des croyances par rapport au pays qui peuvent aussi trouver leurs origines dans les échos que les femmes ont pu avoir en se renseignant sur le pays d’expatriation.

Sur ce point, un facteur non négligeable est la place accordée aux femmes dans la société du pays d’accueil puisqu’elle conditionne dans ce cas les possibilités socioprofessionnelles que la conjointe pourra trouver sur place.

La maîtrise –même élémentaire – de la langue facilite les choses : on pourra se faire comprendre et communiquer en arrivant à l’étranger. La langue ne représente donc plus une barrière.

L’équilibre social constitué des liens amicaux et sociaux, les rapports entre les membres de la famille, les rôles et les règles d’échange dans le couple et la scolarisation des enfants vont être modifiés. Les membres du couple évaluent donc dans quelle mesure cet équilibre pourra être retrouvé ailleurs.

Pour la conjointe d’expatrié, les enfants occupent une place importante dans ce processus de décision : ce départ va-t-il les déstabiliser ?

2. La situation professionnelle.

Selon le stade de la carrière des deux conjoints, l’expatriation apparaît soit comme une occasion soit comme une contrainte.

Lorsque le conjoint n’a pas d’enfant et que sa carrière n’est pas encore bien établie, l’expatriation peut être l’occasion de faire des études, de s’accorder une pause, d’apprendre une langue etc…L’expatriation peut être aussi à ce moment-là pour le couple, une pause provisoire pour fonder une famille.

En revanche, lorsque la carrière du conjoint est déjà bien établie, que les enfants poursuivent leurs études, l’expatriation entraîne des contraintes plus lourdes pour lui que pour les enfants.

La situation professionnelle apparaît donc comme un facteur déterminant dans la prise de décision : l’expatriation remet en cause dans ce cas l’équilibre que le couple a trouvé dans la gestion des deux carrières et de la sphère familiale.

Dans la majorité des cas, l’expatriation entraîne un changement de situation professionnelle pour le conjoint. Peu d’emplois pouvant être transportés, elle implique une suspension de carrière, une réorientation professionnelle. Ce changement de situation professionnelle est vécu différemment selon qu’il a été imposé ou choisi par la conjointe une fois expatriée.

Dans la cadre de mes accompagnements, j’entends souvent: «  Je n’ai pas eu le choix », « Nous sommes partis rapidement et j’ai parfois l’impression que mon travail a été oublié dans cette affaire », « C’était une très belle opportunité que mon mari ne pouvait pas refuser », «  Je n’arrive pas à m’habituer à rester à la maison. », « J’ai du quitter un travail qui me passionnait ».

Le conjoint hésite parfois à exprimer ses craintes pour se conformer au rôle du « suiveur » , traditionnellement endossé par la femme dans nos sociétés. Ensuite, dans le cas des couples à double carrière, l’expatriation impose un choix : à quelle carrière donner la priorité ?

A cette étape, le couple se mobilise autour du projet professionnel qui optimisera le bien-être du couple. En d’autres termes, le couple opte pour la situation professionnelle qui lui permettra de tirer le plus d’avantages. Les conjoints maximisent les gains potentiels pour la famille en accordant la priorité à la carrière la plus valorisante à long terme.

La structure du marché de l’emploi et les ressources potentielles futures de l’homme étant plus prometteuses dans nos sociétés, la carrière de la femme est donc plus souvent mise en retrait. Les conjoints n’ont donc pas le même pouvoir lors de la prise de décision. Le conjoint qui dispose du salaire plus élevé a, de fait, plus de poids dans la négociation du couple.

Au delà du marché de l’emploi et des gains potentiels des conjoints sur ce marché, les identités de genre continuent aussi à attribuer aux hommes un rôle dominant leur attribuant plus de responsabilités et de poids dans la prise de décision. Le rôle de la femme est ici clairement en retrait et caractérisé par le sacrifice, le courage, le travail « dans l’ombre » alors que le rôle de l’homme semble être tourné vers les activités extérieures, socialement et économiquement reconnues et valorisantes : la domination masculine qui caractérise nos sociétés, semble s’immiscer dans le couple jusqu’à structurer la répartition des rôles des conjoints.

Alors qu’elle a tendance à être moins visible lorsque le couple parvient à concilier la carrière de l’homme et de la femme, elle semble être réactivée par l’opportunité d’expatriation qui impose un choix : la priorité doit être donnée à l’une des deux carrières.

Ces éléments sont importants dans la prise de décision car à ce moment -là c’est la voix du couple et le rôle de chacun tel que la société le définit qui s’exprime, plus uniquement celle du conjoint : le Nous prend ses marques.

Lors de mes séances de coaching, en utilisant la ligne de vie, l’expatriation fait souvent ressortir cette décision imposée. Le départ en expatriation est associé à un échec, un abandon de sa situation professionnelle bien plus qu’à un tremplin ou qu’à une opportunité. Le mot sacrifice est présent dans de très nombreux échanges. Quand les femmes n’en sont pas à leur première expatriation, les départs successifs sont toujours mentionnés comme des périodes d’échec durant lesquelles elles jouent, à nouveau, le rôle de « suiveur ». La fin de mission de leurs conjoints imposant le choix du retour ou un départ vers un nouveau pays.

Et vous ? Avez-vous le sentiment de pouvoir mener l’expatriation dont vous aviez envie avant de partir? Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre pays d’expatriation? Quelles sont les solutions que vous avez réussi à mettre en place?

 

 

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